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CRITIQUES

Comme la place du Tertre, le Bassin d'Honfleur attire comme un aimant les peintres de toutes tendances et aux talents divers, tandis que les observent respectueu- sement ou intéressés les touristes férus du pittoresque normand.

Fasciné par Honfleur où il s'est implanté en 1975, le peintre aquarelliste Jean-Louis THIBAUT ne saurait se satisfaire du seul Bassin et il a résolu de prôner dans toute sa splendeur et avec son brio la ville natale d'Eugène BOUDIN et d'y installer son atelier où prennent forme ses étonnantes et brillantes aquarelles créées d'un pinceau hyper-réaliste d'une qualité peu ordinaire. Il est vrai que Jean-Louis THIBAUT n'est pas n'importe quel peintre puisque diplômé de l'Ecole Boulle et de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts décoratifs de Paris, il expose tant en Normandie qu'à Paris au sein de salons et galeries réputés sans oublier le marché artistique étranger captivé par ses oeuvres.

J'avoue être stupéfié par ses aquarelles, non seulement par la qualité technique et l'incroyable fini des détails de ses motifs, mais par la vie et la poésie qu'il a réussi à exprimer au sein d'une telle magie de la réalité. Loin d'un figuratif au figé photographique, Jean-Louis THIBAUT, tant en sites qu'en portrait, fait venir une lumière différente, des vibrations méconnues, une atmosphère paisible mais brillante de dynamisme pour la plus belle jouissance de l'oeil et de l'esprit.

André Ruellan
Critique d'art

La sensibilité en plus

L'hyperréalisme a parfois la réputation de privilégier la technique au détriment de la sensation. Virtuose de l'aquarelle, Jean-Louis Thibaut donne un tout autre sens à son travail que celui d'une course à l'exploit. C'est l'émotion qui l'intéresse. Qu'il peigne sur le motif ou d'après une photographie, il s'imprègne jusqu'à l'âme des sujets que sa main va peu à peu transfigurer, imitant le réel jusqu'à confondre le spectateur. Portrait d'un artiste amoureux de la vie.

En pénétrant dans l'atelier de Jean-Louis Thibaut, rue du Dauphin, à Honfleur, impossible de ne pas admirer les oeuvres qui en tapissent généreusement les murs. Leur réalisme est tel que la magie opère dès que vous avez franchi le seuil de la demeure. Elles ressemblent à s'y méprendre à des photographies de grand format. Ce n'est qu'en s'approchant que l'on parvient à vaincre l'illusion. Oui ! ce sont bien des aquarelles, mais il faut pratiquement une loupe pour s'en convaincre. Quand il a recours au pastel, d'une manipulation encore plus délicate, on devine davantage le peintre, mais le résultat s'avère tout aussi stupéfiant. L'artiste utilise également l'huile et, de plus en plus, l'acrylique, dont les temps de séchage très rapides facilitent son travail.

Jean-Louis Thibaut est diplômé de l'Ecole Boulle et de l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs. De 1967 à 1974, il exerça ses talents de maquettiste pour le compte de différentes agences de publicité et de plusieurs cabinets d'architecture intérieure. C'est après cette période qu'il décida de se consacrer entièrement à la peinture. En 1975, il tomba amoureux d'Honfleur et s'y installa avec sa femme. Resté fidèle au port normand, Jean-Louis Thibaut ne cesse d'en retranscrire l'atmosphère chaleureuse et tonique. Chaque fois que le temps le permet, il s'en va peindre à l'extérieur. Muni de ses crayons et de sa boîte de couleurs, il transpose sur le papier les détails minutieux que son oeil infaillible perçoit. Il prend aussi beaucoup de photos qui serviront de base aux grands formats dont l'élaboration exige plusieurs semaines de travail régulier. C'est dans le secret de l'atelier que s'opère la métamorphose, à raison de huit heures par jour.

Aimant à s'entourer d'objets qui lui rappellent le bon vieux temps, Jean-Louis Thibaut est un homme plutôt discret et retranché. "J'ai une nature un peu sauvage", avoue-t-il, comme pour s'excuser. D'un tempérament romantique, il porte une touchante attention aux gens simples : paysans, jardiniers, pêcheurs ou passants, personnages anonymes mais "porteurs d'un certain vécu". Il a même poussé le zèle à reproduire une photo de classe datée de 1949, sous la forme d'un somptueux lavis en noir et blanc rehaussé de bleu de Prusse. Retrouver le visage de l'artiste est alors un jeu amusant.

Arborant un air de marin breton, Jean-Louis Thibaut est attaché aux sujets maritimes et n'a pas son pareil pour restituer l'architecture des grands voiliers de rêve, comme le célèbre Amerigo Vespucci dont il a brossé un "portrait" saisissant. Il éprouve pour la nature une singulière passion et se déclare très attaché aux rivages du Cotentin ainsi qu'aux îles Chausey, petit paradis des rêveurs. Cependant, au moment de peindre, il n'a pas d'idée préconçue, pouvant aussi bien se consacrer au paysage rural qu'au portrait le plus émouvant, selon l'inspiration ou l'humeur du jour. Il arrive aussi que son sujet resurgisse au bout de plusieurs mois. Sa technique éprouvée des glacis atteint un rare degré de perfection et ses dons de dessinateur le servent en toute circonstance. On ne peut que s'émerveiller face à tant d'habileté.

Luis PORQUET

Critique d'Art

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